Une douzaine de militaires et de policiers gabonais a annoncé ce mercredi 30 août l’annulation des élections, la dissolution de “toutes les institutions de la République” et la “fin du régime”. Des tirs ont été entendus dans plusieurs quartiers de la capitale Libreville.
Un groupe d’une douzaine de militaires et de policiers gabonais a annoncé mercredi 30 août dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision Gabon 24 abritée au sein de la présidence, l’annulation des élections, la dissolution de “toutes les institutions de la République” et la “fin du régime”. Après avoir constaté “une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…) nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place”, a déclaré un de ces militaires disant s’exprimer au nom d’un “Comité de transition et de restauration des institutions”.
“Toutes les institutions de la république sont dissoutes, le gouvernement, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle. Nous appelons la population au calme et à la sérénité et nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon à l’égard de la communauté internationale”, a poursuivi le militaire, annonçant aussi la fermeture des frontières du pays “jusqu’à nouvel ordre”.
Ce groupe de putschistes est composé de membres de la garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence, reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers.
Des fraudes dénoncées par le rival d’Ali Bongo
Cette tentative de coup d’État a eu lieu après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle où Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans, a été réélu avec 64,27% des suffrages pour un 3e mandat. Selon ces résultats proclamés par le président du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Stéphane Bonda, à l’antenne de la télévision d’Etat Gabon 1ère, le principal rival d’Ali Bongo, Albert Ondo Ossa, n’a recueilli que 30,77% des voix. Albert Ondo Ossa avait dénoncé des “fraudes orchestrées par le camp Bongo” deux heures avant la clôture du scrutin samedi, et revendiquait alors déjà la victoire. Son camp a exhorté lundi Ali Bongo à “organiser, sans effusion de sang, la passation du pouvoir” sur la base d’un comptage effectué selon lui par ses propres scrutateurs, et sans produire de document à l’appui.
Les résultats officiels de cette élection ont été annoncés en plein milieu de la nuit, à 3h30 sur la télévision d’État sans qu’aucune annonce de l’événement n’ait été faite préalablement. En plein couvre-feu donc, et alors que l’internet est coupé dans tout le pays, deux mesures décrétées par le gouvernement samedi 26 août avant la fermeture des bureaux de vote, afin de parer selon lui à la diffusion “de fausses nouvelles” et à d’éventuelles “violences”.
AFP