Des violences urbaines ont touché de nombreuses villes de France, dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin, après la mort de Nahel à la suite du tir d’un policier. Les dégâts sont très importants.
À Mons-en-Barœul, dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin, des assaillants ont délibérément visé avec des tirs de mortiers d’artifices les policiers et les pompiers qui tentaient d’éteindre un incendie qui avait éclaté dans la mairie de la ville. L’Hôtel de Ville, tout juste rénové, devra être refait. Un peu plus loin, à Wattrelos, un supermarché brûlait encore dans la matinée de jeudi. À Tourcoing, une école a en grande partie été détruite par les flammes.
La prison de Fresnes attaquée
En région parisienne, des assaillants se sont même attaqués à la deuxième plus grande prison de France : celle de Fresnes (Val-de-Marne). Il n’y a pas eu de tentative d’évasion, et la police a fait fuir les casseurs. À Clamart (Hauts-de-Seine), c’est un tramway qui a été incendié. Dans de nombreuses villes, des voitures ont été brûlées et des bâtiments publics dégradés. À Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), c’est un local qui accueille tous les jours une douzaine d’enfants autistes qui a été incendié.
Le policier auteur du tir présenté à un juge en vue d’une possible inculpation
La justice estime que les conditions d’usage de son arme n’étaient «pas réunies». Après une nouvelle nuit d’embrasement, Emmanuel Macron a dénoncé des violences «injustifiables». Une marche blanche est prévue cet après-midi
Alors que la tension est vive en France après la mort de Nahel, la justice annonce que le policier auteur du tir fatal va être présenté jeudi à un juge en vue d’une possible inculpation. Le ministère public estime que les conditions d’usage de son arme n’étaient «pas réunies». A l’issue de sa garde à vue, ce motard de 38 ans sera présenté à un juge d’instruction qui peut décider de l’inculper pour «homicide volontaire», a indiqué le procureur de Nanterre lors d’une brève allocution. Le ministère public a requis le placement du policier en détention provisoire.
Après une nouvelle nuit d’embrasement des quartiers populaires qui ont donné lieu à plusieurs incendies de mairies, le président Emmanuel Macron a dénoncé jeudi matin «des scènes de violences» contre «les institutions et la République» qui sont «injustifiables». Le chef de l’Etat a souhaité que «les prochaines heures» soient celles du «recueillement» et du «respect». Un total de 150 personnes ont été interpellée et plusieurs bâtiments publics ont été «incendiés ou attaqués», a indiqué plus tôt le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Affrontements nocturnes
Plutôt calme en début de soirée, la situation a commencé à se tendre mercredi après 23 heures à Nanterre. La ville avait déjà été le théâtre d’affrontements entre habitants et forces de l’ordre la veille. Plus d’une dizaine de voitures et nombre de poubelles ont été incendiées. Des barrières ont été placées sur la route.
L’opposition s’est poursuivie jusqu’au milieu de la nuit dans une cité de l’est. Les forces de l’ordre répondaient aux jets de pavés par des tirs de gaz lacrymogène. Dans le même département, à Clamart, une rame de tramway a été incendiée. Selon des sources policières, un groupe de personnes a mis le feu à un bus vidé de ses passagers, vers 21 heures, dans l’Essonne. En Seine-Saint-Denis, département au nord-est de la capitale, de nombreuses dégradations ont été commises par des groupes d’émeutiers très mobiles.
Une marche blanche
La mère de Nahel, l’adolescent tué par un policier mardi, a appelé à l’organisation d’une marche blanche à 14 heures. Le rassemblement aura lieu devant la préfecture des Hauts-de-Seine. La mort du jeune homme de 17 ans a suscité une forte émotion en France. Le président Emmanuel Macron et le capitaine de l’équipe de France de football Kylian Mbappé ont fait part de leur tristesse.
Dans un premier temps, des sources policières avaient affirmé que le policier avait tiré lorsqu’un véhicule avait foncé sur deux motards de police mardi. Mais selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, un des deux policiers tenait le conducteur en joue et a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré.
On y entend la dernière phrase entendue par Nahel: «Tu vas te prendre une balle dans la tête», sans que l’on puisse identifier l’auteur de cette phrase. Atteint au thorax, Nahel est décédé peu après. Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l’inspection générale de la police nationale dans le cadre d’une enquête ouverte pour homicide volontaire. Sa garde à vue a été prolongée.
AFP