Emmanuel Macron a nommé François Bayrou, maire de Pau et président du MoDem, Premier ministre, au terme de neuf jours d’attente et de tractations. Il a été chargé de former un nouveau gouvernement, après la censure de celui de Michel Barnier.

Nommé un vendredi 13. Emmanuel Macron a choisi vendredi François Bayrou comme Premier ministre au terme de longues consultations pour trouver un successeur à Michel Barnier, renversé par les députés la semaine dernière, a annoncé l’Elysée. « Le président de la République a nommé M. François Bayrou Premier ministre, et l’a chargé de former un gouvernement », selon un communiqué de l’Elysée. François Bayrou aura pour mission de « dialoguer » avec les partis hors RN et LFI pour « trouver les conditions de la stabilité et de l’action » a précisé l’entourage d’Emmanuel Macron.

Le patron du MoDem, premier allié du chef de l’Etat et figure du centre, aura donc la lourde tâche de former un gouvernement susceptible de survivre à la menace de censure d’une Assemblée nationale sans bloc majoritaire, et de faire adopter un budget dont la France est pour l’instant privée pour 2025.

Matinée de tensions

Mais tout n’a pas été simple et le maire de Pau s’est battu pour avoir sa place à Matignon : convoqué très tôt par le président, d’un coup de fil à l’aube, qui s’est enchaîné sur 1 h 45 d’entretien à l’Elysée, leurs échanges ont été visiblement très tendus, selon plusieurs élus MoDem. Dans la matinée, la rumeur d’un Bayrou éconduit par Emmanuel Macron court même. Qu’a-t-il dit pour faire peser la balance de son côté ? Difficile de répondre à cette question, même s’il a probablement remis en question le soutien des députés de son parti au camp macroniste.

« Tout le monde mesure la difficulté de la tâche, et qu’il y a un chemin à trouver », a-t-il déclaré vendredi matin en quittant les locaux du Haut-commissariat au Plan à Paris. « La réconciliation est nécessaire », a-t-il ajouté, avant de citer François Mitterrand, qui avait lancé une fois élu : « Enfin ! les ennuis commencent. »

Censure côté LFI mais pas pour le RN, « a priori »

« Il n’y aura pas de censure a priori », a assuré d’emblée Jordan Bardella, président du Rassemblement national et eurodéputé. « Elle aurait été engagée à l’encontre d’une personnalité issue de la gauche et issue de l’extrême gauche. Nous avions indiqué que nous étions prêts à ne pas censurer a priori une personnalité ou un profil qui serait issu de la droite et du centre, a-t-il dit, quelques minutes après l’annonce de la nomination de François Bayrou.

Mathilde Panot a, pour sa part, annoncé que LFI votera la censure du nouveau Premier ministre. « Deux choix s’offriront aux députés : le soutien au sauvetage de Macron ou la censure. Nous avons fait le nôtre », a-t-elle écrit sur le réseau social X. Le coordinateur du mouvement Manuel Bompard a dénoncé pour sa part un « bras d’honneur à la démocratie ». Le Parti socialiste a, pour sa part, demandé au nouveau Premier ministre de s’engager à renoncer au 49.3 pour pouvoir faire passer une loi sans vote à l’Assemblée, en échange d’une non-censure des députés socialistes. Ces derniers ont d’ailleurs précisé qu’ils ne « participeront pas » au nouveau gouvernement. Les Ecologistes, enfin, menacent de censurer Bayrou s’il garde la même politique et Bruno Retailleau à l’Intérieur.

Soutien historique de Macron

François Bayrou entre donc à Matignon à 73 ans. Allié historique du président, il s’était effacé en 2017 pour soutenir Emmanuel Macron à la présidentielle. Le Centriste a été nommé ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice. Il y est resté un mois, avant de se retirer, cité dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen. Trois fois candidat à la présidentielle en 2002, 2007 et 2012, François Bayrou a soutenu François Hollande au second tour en 2012. En 2022, le maire de Pau décide d’offrir son parrainage à Marine Le Pen pour « sauver la démocratie », car « c’est elle qui en manquait le plus ».

Professeur agrégé de lettres classiques, François Bayrou a également été ministre de l’Éducation nationale entre 1993 et 1997 sous trois gouvernements de droite (Balladur, Juppé I et Juppé II). Également député pendant 10 ans (entre 2002 et 2012), et député européen pendant 2 ans (entre 1999 et 2002), François Bayrou est chargé de coordonner les travaux de planification pour l’État depuis 2020, nommé Haut-commissaire au plan, fonction qu’il exerce à titre gratuit.

Contesté à droite comme à gauche

François Bayrou était présenté comme le favori, depuis la chute de Michel Barnier, parce que capable de parler à la droite et à la gauche. Mais à gauche, les Insoumis ont déjà indiqué qu’ils le censureraient. Sans évoquer la censure, le patron des socialistes Olivier Faure avait estimé ce mercredi matin que le Premier ministre ne pouvait « pas être François Bayrou ». Et à droite, certains lui en veulent toujours d’avoir privé Nicolas Sarkozy d’une réélection en 2012.

Fofana Zoumana

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