Jusqu’ici, les médias russes ne rataient pas une occasion d’illustrer le narratif du pouvoir : les sanctions occidentales visant Moscou pour son offensive en Ukraine pèsent tout autant, voire plus sur les économies occidentales que sur celle de la Russie. Changement dans le discours du pouvoir : pour la première fois ce mercredi 29 mars, Vladimir Poutine a déclaré qu’elles allaient avoir un impact.
Depuis des mois, en Russie, chaque question posée au pouvoir sur les nouvelles sanctions occidentales recevait invariablement ou presque la même réponse : « Elles font plus de mal à l’Occident qu’à la Russie. »
De forums économiques en discours devant les entrepreneurs, le président russe vantait lui la résilience de son économie, la réussite de son pivot vers l’est.
C’est dire si son changement de ton de ce mercredi, lors d’une réunion avec ses ministres retransmise à la télévision, est net : « Vous devez agir rapidement, sans bureaucratie ni retards inutiles. Car les restrictions illégitimes imposées à l’économie russe à moyen terme peuvent vraiment avoir un impact négatif sur celle-ci. À cet égard, nous devons assurer une augmentation durable de la demande intérieure. »
Chômage au plus bas, inflation contrôlée
Vladimir Poutine avait pourtant dès le début du conflit sorti les amortisseurs et puisé dans les ressources budgétaires, avec notamment une pluie d’allocations diverses, du chômage partiel quand les usines voyaient leurs propriétaires occidentaux partir.
Certains indicateurs restent bons, le président russe le souligne aussi dans son intervention : le chômage s’affiche à son niveau le plus bas (3,6%) et l’inflation semble enfin maîtrisée. Quand l’année dernière, elle galopait à plus de 20%, elle devrait passer au mois de mars sous les 4% en rythme mensuel en mars.
Sauf que la pression occidentale s’accentue. Turquie, Kazakhstan… ces pays n’appliquent pas les sanctions (ils ne sont pas les seuls), mais ils reçoivent des messages répétés, américains surtout, pour ne pas aider Moscou à les contourner. Ces deux pays ont en effet vu leur commerce bilatéral avec la Russie exploser en 2022.
AFP