Pendant la crise militaro-politique de 2002- 2010 qu’a connue la Côte d’Ivoire, le village de Garango dans la région de la Marahoué dans le département de Bouaflé, sur l’Axe Daloa-Bouaflé a été le théâtre de violents affrontements intercommunautaires. À la fin de cette crise ivoirienne, les communautés de la CEDEAO vivantes dans ce village de près de 15 000 âmes, afin d’aider à la stabilisation et à la consolidation de la paix dans leur localité, ont mis sur pied des coopératives agricoles regroupant tous les ressortissants de la CEDEAO pour la pérennisation de la paix.
La coopérative agricole ‘’On est fait pour vivre ensemble à Garango’’, un levier fort pour le secteur du vivrier en Côte d’Ivoire
Le village de Garango, habité par une forte communauté Burkinabè est aujourd’hui le Symbole d’une cohabitation vraie entre les peuples de la CEDEAO. Des ressortissants maliens, togolais, ghanéens et guinéens vivent en parfaite harmonie avec leurs frères et sœurs Burkinabés et ivoiriens. Le secteur du vivrier est en pleine essor grâce à la forte production des coopératives de vivriers CEDEAO qui ont su s’imposer sur les marchés ivoiriens.
L’agriculture, le commerce et le transport, des facteurs d’intégration
Le développement est aujourd’hui une réalité à Garango car par le travail, les communautés ont su s’intégrer dans le circuit social ivoirien. Ils participent activement au développement du pays. Des coopératives agricoles sont gérants de sociétés de transports mototaxis qui assurent le transport des personnes et des marchandises entre Garango et les autres villages de la région.
À Garango, place est à la débrouillardise.
Plusieurs localités de la région de la Marahoué sont devenues des pôles d’attraction pour les ressortissants des pays de la CEDEAO. Ces deux activités majeures citées plus haut, font l’affaire des populations. Aujourd’hui, avec l’avènement des mototaxis, appelés communément Bakor-Bakors, la plupart des jeunes qui travaillaient dans les champs de cacao ont dû se reconvertir dans le transport, une activité qui rapporte gros dans les zones cacaoyères surtout pendant la traite. Cette seconde activité attire plus les communautés de la CEDEAO dans la région de la Marahoué. Les mototaxis sont aussi des facteurs d’intégration des espaces et facilitent des liaisons entre les différentes localités du département. L’activité des bakor-bakors connait une progression exponentielle. Leurs réseaux de lignes couvrent une grande partie du département avec une forte concentration à Garango et à Bonon.
Les mototaxis sont aussi des opportunités pour ceux qui n’ont accès qu’épisodiquement à la voiture. Aussi, à la différence des autres offres (minicars et taxis-brousse) qui ne font que des services de localité à localité, ce sont de véritables possibilités de liaisons entre le village de Garango et certaines bourgades de la région.
Ces mototaxis sont dans tous les compartiments des transports collectifs des villageois. Ces offres de transport sont aussi de véritables facteurs d’intégration spatiale assurant le transport des populations et des produits agricoles entre le village de Garango et Bouaflé. Les bakor-bakors sont perçus comme un atout pour le développement socioéconomique.
« Après la traite du Cacao, nous nous reconvertissons tous dans le transport. Je suis né ici, et mes parents même sont nés dans ce village. Je suis originaire de Zabré au Burkina Faso. La cohabitation entre les populations de la CEDEAO et Gouro est au beau fixe. Ici on ne sait plus faire la différence entre autochtones Gouro et ressortissants des pays frères. Nous avons un intérêt commun qui est le développement de Garango. Dans ce village, nous sommes plus nombreux que les Gouro. On s’entend parfaitement et même nous partageons les traditions » confie Soundogo Paterne chauffeur de mototaxis à Garango.
Le mot Etranger ne figure plus dans leur langage
Autochtones et ressortissants de la CEDEAO constituent une même famille. Toute chose qui amène les uns et les autres à interdire le mot Etranger de leur langage. La vie est belle à Garango car populations Gouro et ressortissants des pays frères cohabitent en parfaite harmonie.
Absence de chef de communauté
La parfaite cohabitation fait qu’il n’existe qu’un seul chef. C’est le chef du village de Garango. On ne parle pas de chef de communauté dans cette localité de la région de la Marahoué. Dès qu’un étranger foule le sol de ce village, il est en même temps considéré comme fils du village.
Le litige foncier presque inexistant
Habité par une forte communauté CEDEAO, ce village a traversé des moments difficiles pendant la crise ivoirienne, Garango n’est plus le symbole d’une Marahoué divisée. Aujourd’hui les populations de cette zone ont tiré une grande leçon de cette crise. Main dans la main, ressortissants de la CEDEAO et autochtones se partagent les mêmes terres cultivables.
La cohabitation pacifique entre les peuples de la CEDEAO est une réalité à Garango.
Garango, Symbole d’une cohabitation vraie entre les peuples.
La plupart des ressortissants de la CEDEAO de ce village ont demandé la nationalité ivoirienne. Une chose qui confirme la bonne santé de la cohabitation entre ces peuples frères. Certains sont planteurs, commerçants, transporteurs et d’autres opérateurs économiques. Tous participent au développement socio-économique de la Côte d’Ivoire.
Fofana Zoumana