Certains s’émeuvent que le pays qui a envahi l’Ukraine et dont le dirigeant est sous le coup d’un mandat d’arrêt international, puisse assurer la présidence tournante de l’organe exécutif des Nations unies.
Le mouvement citoyen Atlas parle de « drôle de poisson d’avril » et se désole qu’un pays comme la Russie ayant violé la charte de l’ONU et les principes du droit international en envahissant l’Ukraine ait l’autorisation de prendre la présidence tournante du Conseil de sécurité pour un mois, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten. L’Ukraine avait parlé de son côté de « mauvaise blague ». La Russie succède à la tête de l’organe exécutif des Nations unies au Mozambique.
« S’il y a 80 ans, l’Allemagne nazie avait présidé le Conseil de sécurité, bien qu’il n’existait pas à ce moment-là, j’espère que les gens n’auraient pas accepté ça, plaide Andrea Venzon, cofondateur du mouvement Atlas. Si la Russie n’est pas encore aussi criminelle que l’Allemagne nazie, elle s’en rapproche. Elle est responsable de plus de 200 000 morts, 18 millions de personnes ont été déplacées… Il est maintenant clair que la Russie n’essaie pas de stopper cette guerre, donc la seule chose qu’on peut faire, c’est de prendre des mesures énergiques. »
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov présidera à New York une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU en avril. « Un autre événement clé de la présidence russe sera le débat public de haut niveau du Conseil sur “un multilatéralisme efficace à travers la défense des principes de la Charte des Nations unies”. Cette réunion sera présidée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov », a déclaré à la presse sa porte-parole, Maria Zakharova. Il devrait aussi présider une session de débats sur le Moyen-Orient le 25 avril.
Manifestations et appel au boycott
Devant le « manque de réactivité » des diplomates, juge-t-il, Atlas appelle à des manifestations cet après-midi, à Londres et dans d’autres capitales des membres du Conseil de sécurité. Mais surtout, il demande aux diplomates de sept pays membres de boycotter les réunions. Un symbole fort, mais qui ne devrait pas être suivi : à New York, les diplomates refusent d’entraver la capacité d’action du Conseil sur les autres dossiers. Ils promettent en revanche d’être vigilants et de bloquer toute entrave que la Russie pourrait imposer ce mois-ci.
« Nous nous attendons à ce que la Russie continue à se servir de son siège pour propager de la désinformation et essayer de détourner l’attention de ses tentatives pour justifier ses actions en Ukraine et les crimes de guerre que les membres de ses forces armées commettent », a réagi de son côté jeudi la porte-parole de l’exécutif américain, Karine Jean-Pierre.
À l’ONU, la Russie dit de son côté faire face à « l’Occident collectif », qui l’a mise au ban des nations mondiales depuis le lancement de son offensive militaire en Ukraine en février 2022.
AFP